Devenir vélotafeur, au delà de la mode bobo

Le vélo est un sujet récurrent et néanmoins très agréable de conversations autour de la machine à café. « Pas trop mouillé ce matin ? », « Tiens tu as eu la flemme aujourd’hui ? », « Moi ce n’est pas possible car j’ai telle ou telle contrainte ? ». Les occasions sont très multiple de parler de pédales, d’autant que ce sujet est fortement ancré dans les valeurs d’Easyteam. Ecrire un article autour du vélotafing s’impose donc pour le converti que je suis.

Mon idée est dans cet article de traiter des leviers qui peuvent faire devenir quelqu’un vélotafeur, d’apporter mon expérience pour faciliter la transition et quelques remarques pour guider une réflexion.

 

« Faut-il » devenir vélotafeur ?

La question selon moi n’est pas la plus bonne. On ne le fait pas parce qu’il le faut, mais parce qu’on en a l’envie. Les raisons « techniques » qui peuvent motiver sont multiples : Sauver la planète, envie de faire plus d’exercice, plaisir de s’aérer l’esprit, hantise des bouchons automobiles et j’en passe. Mais tout cela ne pèse rien à côté du contre levier majeur qui peut se présenter : Ne pas aimer faire de vélo ! En clair : Si vous n’avez aucun plaisir à pédaler, inutile de tenter l’aventure car elle sera sans doute vouée à l’échec.

Une semaine de Janvier, face à une pluie battante et à une température de trois degrés, vous allez ranger le vélo une fois, deux fois avant de finalement revenir à l’automobile bien plus douillette pour un début de journée.

Le premier levier est donc que faire du vélo doit avant tout vous faire plaisir. Soit il se peut que les avantages en viennent à vous donner du plaisir, lorsque vous doublerez les voitures à l’arrêt ou irez faire vos courses sans chercher une place sur le micro parking du super-U Urbain. Mais ces petits plus pèseront peu si chaque matin vous devez vous faire violence pour perdre les dix minutes d’habillage avant de partir sur votre destrier.

Pour ma part, j’ai toujours aimé faire du vélo, plus jeune et ensuite pour de petits trajets en ville. Je cherchais donc depuis longtemps au fond de moi la motivation qui me ferait basculer. J’ai fait des tests en vélo classique puis en louant un vélo électrique d’essai à la ville de Nantes. Finalement la vraie bascule s’est faite quand je me suis retrouvé sans seconde voiture. Il me fallait racheter une voiture d’occasion à quatre ou cinq mille euros, sachant qu’elle roulerait 30 kilomètres par semaine. Cela m’a bloqué : c’était le bon moment pour faire le saut. L’avantage est donc que maintenant, même les jours où je pourrais être tenté de reculer, je n’ai pas d’autre choix que mon deux roues électrique.

 

Comment procéder pour devenir vélotafeur ?

Les choses ne se font pas facilement « d’un seul coup ». Les contraintes à résoudre sont nombreuses et très diversifiées : déposer les enfants, faire les courses le midi, ne pas attraper froid, arriver en tenue de travail correcte sans sentir la transpiration, ne pas se mettre en danger, transporter son matériel de travail, etc. Il faut donc y aller progressivement afin d’éviter un blocage. C’est pour cela que le fait d’aimer faire du vélo est un levier essentiel. Cela permet au début de sortir son vieux VTT du garage pour aller au boulot. Je vous recommande de le faire à la belle saison.  Vous pourrez ainsi éviter les achats précoces d’équipement pour vous protéger du froid et et la pluie. Il est bon aussi de planifier les jours où vous ferez vos premières sorties. Vous pouvez ainsi organiser vos contraintes logistiques comme les enfants, les objets à transporter etc.

Au fil de ces premières sorties, vous allez évaluer votre résistance face aux difficultés qui vont se présenter et surtout ressentir les premiers effets bénéfiques. Vous allez prendre l’air, arriver bien réveillé au boulot et profiter de la dopamine générée durant l’effort :). Les difficultés quant à elles ne sont qu’une série de solutions à trouver. Mon cher ex-collègue Jean-Dominique disait « qu’il n’y a pas de mauvais temps mais seulement du mauvais équipement ».

Evidemment, il faut aussi accorder le droit aux éléments de vous en faire baver un peu. Vous pouvez anticiper que vous serez un jour surpris par la pluie, que vous allez parfois avoir froid aux mains ou simplement crever un pneu. Vous y préparer mentalement ne changera pas grand chose mais vous rendra plus philosophe le jour où cela va arriver :). Vous pouvez même commencer à préparer vos réponses en de telles situation. C’est là que commence la grande quête de l’équipement avec ses hésitations…

 

Les problèmes de base et « mes » solutions

Histoire de partager et de vous faire gagner du temps, voici les « stoppeurs » qui se sont présentés à moi et les solutions que j’ai trouvées… ou pas. Elles ne sont pas forcement les meilleurs mais elles ont le mérite de me satisfaire moi au moins.

L’image

Oui, c’est tout bête mais il va falloir assumer et en tout cas choisir un camp. Vous serez plutôt bobo vélotafeur ou cycliste sportif ?

  • Le vélotafeur pédale le dos droit, sur un vélo sans barre haute et avec une selle confortable. Pour le sarcasme, il conduit un vélo de fille avec des sacoches de facteur et un panier. Il a même souvent un siège enfant en plus ! Bref on se fait souvent moquer de soi : Cela ne fait pas grand mal et c’est de bonne guerre.
  • Le sportif vient en short, voir en tenue de cycliste. Il monte un vélo « de course », sans garde-boue ni même porte bagage. Il roule vite vite vite et il est beau dans l’effort… Bref, il a la classe. En revanche, il doit à minima se changer au boulot et c’est un peu pénible si vous bossez en costume.

Il existe évidemment des profils mixtes (Sportifs avec vélo électrique débridé équipé d’une barre, vélotafeurs avec un vieux vtt et j’en passe…). Mais je vous pose juste les deux extrêmes entre lesquels vous allez devoir naviguer. Ma solution personnelle est d’avoir l’air d’un facteur mais d’arriver au boulot directement en chemise.

Pour information, je regrettais pas mal mon choix de « vélo de fille » jusqu’à la semaine dernière. Ma roue avant a glissé sur une plaque d’égout mouillée, sous une pluie torrentielle. J’ai pu sauter du vélo avant la chute et me rétablir en courant. C’est un aspect important en vélo de ville : on peut monter et descendre très facilement.

La transpiration

Avec les dénivelés Nantais, je souffrais d’arriver transpirant dans ma chemise au boulot, même en me ménageant. En plus du désagrément corporel, il y a le risque de s’enrhumer : Quand vous transpirez vous vous découvrez et j’ai fini parfois en chemise sur mon vélo par huit degrés…

Les solutions possibles :

  • « Faire avec » : J’ai eu des collègues qui se changeaient en arrivant, voire se lavaient sur place. La transpiration de quelques minutes ne vous rend pas puant pour la journée, surtout si vous vous lavez (ou avez un bon déo 48h comme dans les pub 😉 ).
  • Avoir des vêtements respirants : Bien mais hors de prix et pose de très nombreuses questions. Respirant implique non étanche, à moins peut être dans le très très haut de gamme que je n’ai pas osé m’acheter pour tester.
  • Calculer votre « déshabillage » : Vous pouvez prévoir la manière dont votre équipement se « démonte » pour ne pas finir en chemise. Il faut porter par exemple des sous gants, une polaire sous une veste, un tour de cou stretch coton sous celui en polaire. Je vous recommande alors d’avoir un panier pour déposer facilement l’équipement que vous enlevez en roulant.
  • Adapter votre parcours : faire un kilomètre de plus ou marcher sur 200 mètres peut vous permettre d’éviter une pente et d’éviter la suée, mettre votre vélo dans un tram peut aussi vous faire gagner du temps et des efforts.
  • Adapter votre équipement : passer à l’électrique a finalement été ma seule solution efficace. c’est évidemment très cher mais les autres solutions n’ont été que des contournements mineurs.

Les intempéries

Fortement corrélé au précédent problème, celui de la météo est crucial. Après deux ans de mise au point j’ai presque trouvé mon équilibre. Il faut en gros se protéger du froid et de la pluie. Les équipements indispensables sont :

  • Le pantalon de pluie : 100% étanche, il protège de la pluie ET du froid. A partir de Novembre je le porte systématiquement. La raison est qu’il est très dur de l’enfiler une fois parti et qu’il est rare qu’il donne trop chaud. Il intègre généralement une protection de chaussure moyennement efficace mais suffisante pour un début. Le mien vaut 20€ chez Décathlon.
  • Le pancho intégrale : 100% étanche également, réservé aux cas de pluie avérés car on est moins à l’aise quand on le porte. Il faut le prendre le plus compact possible car il y a beaucoup de matin où on l’emporte en espérant ne pas l’enfiler. Mon choix vaut 30 €, toujours chez Décathlon et résiste au moins à 30 minutes de pluie intense.
  • Le bonnet ou plutôt le « sous casque » : 30% de la chaleur du corps se perd par la tête ! Tout est dit. De plus, si vous êtes chauve, l’eau ruisselle sous le casque et vous tombe dans les yeux. Mon modèle est ici, devinez chez qui…
  • Le(s) tour(s) de cou ou cagoule : Le tour de coup en lycra « élastique » est utile presque toute l’année car il fait souvent frais le matin. J’y ajoute un autre tour de cou en polaire pour les périodes de froid. Celui en lycra est à laver souvent car on respire souvent au travers. PROSCRIRE EVIDEMMENT les écharpes qui vous tueraient si elles se prenaient dans les rayons… Mes deux modèles viennent toujours de chez Décathlon et je ne vois aucune raison d’y mettre plus que ces 4+7 €.
  • Les gants : Ils sont fondamentaux. Il existe des pages et des pages sur le sujet. Il faut à minima des gants fins type « sous gants », à utiliser seuls en mi saison et à glisser dans des gants plus épais quand le thermomètre tombe sous 8-10 degrés. En dessous de cinq degrés, on peut quand même avoir le bout des doigts qui pique. C’est du au vent. J’envisage de mettre des « pare vent » devant mes poignées. Certains utilisent des gants de plongées ou de ski. Pour ma part mon équipement vient toujours du même équipementier GMS pour 9.90+6 €.

On arrive donc à un kit complet « mauvaise saison » pour moins de 80€. C’est raisonnable si vous le comparez à un plein d’essence et donc très rapide à amortir, sans compter que seul le pantalon est spécifique au vélo. Le reste de l’équipement vous servira dans de nombreuses autres occasions (running, balade…)

Il y a des équipements de conforts qui vous sembleront peut être utiles avec le temps :

  • Les sur-chaussures : Je viens tout juste d’en faire l’acquisition afin de ne plus m’inquiéter pour ma belle paire de derby marron en veau pleine fleur ;o). C’est 60€ en cherchant bien et 2 minutes de plus pour s’équiper mais ensuite on ne craint plus du tout la pluie ni le froid. Attention on ne trouve chez Décathlon que des modèles pour chaussures sportives. Pour recouvrir une chaussure de ville, il faut des modèles de bobos comme le mien. Vous pourrez trouver cela dans tous les bons petits magasins de centre ville ou chez « Culture Vélo » par exemple.
  • La veste type Gore : Pour lutter contre le froid, je porte une polaire sous ma veste premier Décathlon. C’est un peu lourd à enfiler et arrivé au boulot, cela ne fait pas très classe. Je réfléchi donc à m’offrir une veste type ville mais équipée pour le vélo. C’est en revanche une jungle monstrueuse de prix, d’options techniques et donc une étude que je n’en fini pas de réaliser avant l’achat.
  • Les lunettes : Outre l’aveuglement assez rare en Loire Atlantique, il y a les moustiques et autres insectes qui vous tapent dans l’oeil. Ce même, en hiver, une paire à verres translucide évite d’avoir « froid aux yeux ». Les paires basiques en plastique Décathlon à 5 €, conviennent très bien. Elles sont en outre d’une résistance aux chocs incroyable.

L’organisation personnelle

Ne pas sous estimer ce point si vous vous déplacez aujourd’hui avec une voiture, il vous faut anticiper des palliatifs au quotidien. Fini d’aller récupérer le drive chez Leclerc, de faire un crochet de vingt bornes, d’emmener un copain de votre fils sur la route, de passer au magasin de bricolage chercher la vis qui vous manque… Ce n’est pas critique mais devient surtout pesant pour votre entourage sur qui cela retombe. Pour ma part, je dépose à pied mes deux petites avant de partir au travail en vélo.

L’un des premiers besoin est de transporter votre matériel de travail, parfois fragile comme mon PC par exemple. Il sera exposé aux intempéries et en plus souffrira par tous les temps des secousses. Je vous recommande donc un « très bon sac » ou bien mieux : La sacoche : Elle vient vous débarrasser d’un sac à dos qui vous empêtre et complique votre équipement.  J’ai pour ma part utilisé longtemps les sacoches basiques Décathlon avant de passer à un modèle chaudement recommandé. Il est étanche, avec un système d’accrochage rapide (ca change tout) et protège mon PC. Le modèle est indiqué ici et vous le trouverez dans tous les bons magasins, sauf GMS.

Pensez également à changer votre approche du temps de trajet jusqu’au travail. Acceptez l’idée :

  • qu’il vous faudra 5 minutes au départ et à l’arrivée pour l’habillage,
  • que la durée totale sera peut être plus longue mais plus prévisible car indépendante du trafic
  • que vous ne pourrez pas partir à l’improviste à quinze kilomètre par exemple

Préparez une place pour tout votre matériel que vous devrez stocker, faire sécher parfois, nettoyer, gonfler etc.

En un mot, pensez donc bien à quels problèmes vont se poser et évoquez les avec vos proches dès le début de votre réflexion.

 

Le grand choix : quel vélo utiliser

 

Les vélos mécaniques

Comme je le disais, on peut débuter avec son bon vieux VTT endormi dans le garage. Il faudra toutefois veiller à un entretien minimum : état des freins, gonflage, graissage, nettoyage pour éviter de salir son beau costume. Attention toutefois, le VTT a été prévu pour les sols de forêt. Ses pneus augmenteront votre effort de 20 à 30% (sans blague). Au minima, envisagez donc de changer les pneus assez rapidement. J’ai vu des collègues utiliser sur la durée ce type de vélo mais il s’agit souvent de trajets courts ou d’appoint.

Un VTC est souvent très proche d’un VTT à quelques détails près : cadre plus fin (moins lourd), pas de suspension (pas de gâchis d’énergie), pneus moins larges (moins de frottement), position moins inclinée (dos plus droit). De plus, il va être équipé de gardes-boue (très importants pour votre tenue), d’un porte bagage et autres. Il semble donc mieux adapté et je vois beaucoup de personnes l’utiliser, principalement chez les hommes.

Ces dames ont souvent un bon vélo à guidon « col de cygne ». Il va se rapprocher du VTC mais déplaire parfois aux hommes pour les raisons d’image évoquées auparavant ;).

Les électriques

Passer à l’électrique est un choix fort car il faut investir. Les « bons vélos » commencent vers 2000€ et la prime de 200€ donnée par l’état ne change pas grand chose. Une clio à l’année coute environ 6000€ selon un article trouvé dans « Le figaro« . Un vélo durerait au minimum 3 ans et je dépense moins de 150€ d’entretien par an.

En échange, un vélo électrique vous garantit une moyenne de 20 Km/h sans effort. Cela sécurise vos temps de trajet et vous permet de ne pas arriver en sueur. Il repousse la limite de distance que vous pourriez vous imposer. Vingt kilomètres de pédale par jour font beaucoup moins peur avec une assistance ! Le vélo devient littéralement un moyen complémentaire de déplacement pour des sorties en ville, de petites courses…

En termes d’image, il fera bobo à moins que vous ne cibliez un modèle sportif. Il sera peut être non bridé d’ailleurs, ce qui en fait un scooter électrique officiellement… à vous de voir.

Une excellente solution est de faire une location, parfois proposée à prix d’essai attractif par des communes ou des associations. Nantes propose par exemple ce service pour une année, entretien compris. Il est parfois possible également d’emprunter à un ami son vélo pendant ses congés (j’ai déjà prêté le mien par exemple à un copain devenu électrique depuis).

 

Un dernier mot ???

Je répète mon grand principe : il ne faut pas monter sur son vélo au seul titre de sauver la planète. Il faut adhérer au fait de pédaler et y prendre du plaisir. Ce plaisir peut venir de la communion avec la nature, de l’effort physique, du gain de temps sur les bouchons ou même, oui un peu, du sentiment de sauver notre monde.

Une fois toutes ces réserves levées, je peux sereinement vous le dire : Si vous êtes tentés et que les conditions vous sont un peu favorables, c’est à dire moins de 10 kilomètres à faire sans route ultra dangereuse, mettez vous au vélo ! Vous allez respirer et profiter de vos trajets en gérant votre temps de manière différente.

Ha, au fait, si vous êtes dans la fibre écolo, je vous recommande pour le clin d’œil deux articles, histoire de mettre de l’eau bien filtrée à votre moulin :

Ecologie : Arrêtons de nous focaliser sur des détails

Empreinte carbone : combien de CO2 émet un Français chaque année ?

Sylvain