En revenant de San Francisco (Oracle Open world 2012)

En revenant de San Francisco (Oracle Open World 2012)…
 
 
1)      Les annonces de Larry
Larry a fait quatre annonces majeures ; ces annonces ont été précédées d’un commentaire valant pour invitation à Oracle Open World 2013 sur la collaboration entre Oracle et Fujitsu : d’ici un an cette R&D commune  dans le hard et soft de base va permettre de présenter une machine beaucoup plus puissante que celle que nous connaissons grâce à l’intégration du code dans des puces de silicium.
Ce commentaire  montre à quel point Oracle n’hésite pas à sortir de son pré carré (les machines ex-SUN) et investit maintenant dans la course à la puissance et à la performance en trouvant toutes les opportunités d’intimité entre le hard et le soft ; Oracle qui a déjà franchi l’étape du « tout intégré » avec ses engineered systems  fonce maintenant vers  le « tout en mémoire centrale » : données, code, mémoires de travail : des terabytes de programmes et de données qui discutent à la vitesse de la lumière.
Revenons sur les 4 annonces de Larry :
1.1) Oracle Cloud version  Infrastructure as a Service – IaaS :
Dans le découpage des concepts du Cloud entre Saas, PaaS et Iaas , IaaS  c’est, pour faire simple,  de disposer de l’offre d’Amazon.com et c’est exactement ça l’annonce !  Oracle offre  un service de type  « Amazon » quitte à exploiter chez Oracle des applis spécifiques ou concurrentes ou mixtes.
1.2) Oracle Private cloud
Une extension derrière votre propre pare-feu…. qui peut se mixer indifféremment avec  une architecture de type publique (tout chez oracle) avec tous les allers-retours que l’on veut ; de toute façon Oracle gère tout et vous facture  en fonction de votre consommation et sans cliquet : si vous consommez moins vous payez moins !
L’offre dans la partie haute du stack n’est plus (en priorité) un « SAP killer » mais un « salesforce.com killer » avec des arguments que l’on retrouve dans l’argumentaire de Fusion CRM c’est-à-dire que ce n’est pas forcement aussi « sexy » vu de l’utilisateur mais c’est beaucoup plus puissant notamment à cause de tous les avantages que l’on peut tirer de Fusion middleware et de l’intégration intelligente du hardware … ce n’est pas très facile à expliquer mais Easyteam est très bien placé pour développer ces idées  et c’est ce que nous allons faire.
1.3) Oracle Database 12c
Un container pour de multiples pluggables databases. La base de données c’est, depuis que ce type d’objet existe, deux concepts en un… Le « contenu » et le « contenant »:

  • D’une part une organisation de données reliées entre elles de manière forte pour assurer l’unicité, la cohérence, la rapidité d’accès a l’information ( le contenu) , et d’autre part ,
  • Un ensemble de services adressant globalement et complètement ces données tels que la gestion des sauvegardes, les outils d’entrées-sorties, la sécurité …permettant de voir cet ensemble de données comme un tout isolé et homogène, gérable  en tant que tel (le contenant).

Pour la Database 12c Oracle a réussi  la dissociation de ces deux concepts : plusieurs ensembles cohérents de données (contenus) peuvent être gérés dans un contenant unique… donc sécurisé, manipulé, optimisé en performance en un seul bloc … d’où une économie importante de type administration- exploitation car on gère plusieurs bases en une seule… mais c’est aussi la capacité à isoler sur une  machine (ou sur un  ensemble de machines interconnectées),  l’ensemble des bases de données d’une entreprise qui sera hermétiquement séparée des bases d’une autre entreprise tout en optimisant la consommation des ressources  qui elles sont partagées … ce qui veut dire grande souplesse , grande élasticité …. et voila pourquoi cette nouvelle version 12c mérite son nom « c » … comme Cloud…  voilà pourquoi Oracle peut proposer à un coût compétitif (ce n’est pas la seule raison)  une offre concurrente d’Amazon , dite IaaS , Infrastructure as a Service  ….CQFD !
Une question se pose : le « container » est-il plutôt fait pour recueillir et isoler l’ensemble des données d’une même entreprise dans une utilisation IaaS-« Amazon », ou est-il fait pour n’avoir qu’un seul programme applicatif accédant à un ensemble de bases de données, une par entreprise, dans un modèle SaaS-« salesforce »  ? Ne doutons pas  que la réponse officielle du marketing Oracle est …. les deux ! mais gageons, aussi,  que les premiers utilisateurs préféreront la première version et réclameront bientôt une version encore plus évoluée, une « 12cc » avec des fonctions de « container of containers », la version « poupées russes » de la base Oracle !
En synthèse et pour ne retenir qu’une image, cette séparation contenant et contenu, ou plutôt dissociation, nous fait dire que Oracle Database 12c est à la base de données ce que le serveur virtuel est au serveur physique. On comprend pourquoi la 12c était attendue avec impatience par tous les hébergeurs et exploitants plus que par les éditeurs de progiciels ou les développeurs ; en effet, on oublie souvent d’ajouter que cette version est, bien sûr, compatible de manière ascendante avec les versions précédentes ce qui n’a sûrement pas été la tache la plus facile de la R&D Oracle : vous mettez, sans modification des logiciels vos « contenus » actuels dans ce nouveau contenant éventuellement unique.
 
1.4) Exadata- X3 database in memory machine

On pourrait être blasé  par cette course ininterrompue à la puissance, mais quand même : 26 To de mémoire en accès Read Write quasi instantané c’est un  peu hallucinant. Une entrée de gamme à 200K$ : la config équivalente chez IBM ou HITACHI  coute 8,5 fois plus cher !
Il y a deux secrets de fabrication de cette percée « scale out » : l’utilisation de la mémoire flash au cœur de processeur permettant de mettre plus de données et la compression de ces données qui permet d’en mettre … encore plus !
 
2)      Stratégie d’Oracle et menaces asymétriques
Que de chemin parcouru !
Il  y a vingt ans le grand satan s’appelait Microsoft, il dix ans IBM et SAP tenaient la vedette. Microsoft reste très fort mais peu innovant dans le BtoB et, de ce fait,  quitte lentement l’orbite de la compétition avec Oracle ; Aujourd’hui,  IBM dans une posture très éloignée d’Oracle , se « désunit » dans la guerre des logiciels avec une offre qui tient plus du grand bazar, la guerre de tranchée avec SAP continue mais sans grande évolution des lignes, et puis, le plus grand client mondial (de la technologie) Oracle n’est-il pas … SAP ?
La menace pour Oracle a changé, elle est maintenant plus « asymétrique » comme disent les stratèges : les grands satans viennent d’un autre monde (une autre culture , un autre business model) et s’appellent Amazon et Salesforce … même s’ils utilisent eux-aussi la technologie Oracle.
La question habituelle est donc : Oracle va-t-il racheter Amazon ? ou Salesforce ? ou les deux ? Je prends le risque de voter  pour le rachat de Salesforce !